En Angola, on a du pétrole, mais pas de médecins

L'Angola se relève de vingt-sept ans de guerre et, grâce à l'argent du pétrole, construit de nouveaux hôpitaux. Mais, faute de personnel, certains restent vides.

Matala.Correspondance

Rosa Ngeve est venue faire vacciner ses jumeaux à l'hôpital de Matala (province de Huila, sud du pays). Elle porte deux bébé de 6 mois, un dans chaque bras : ils ne pèsent pas plus de 4,5 kg ! Puisque Rosa est pauvre et qu'elle a n'a pas assez de lait pour les nourrir, l'hôpital lui donne des fortifiants. Elle a de la chance car Matala est l'une des seize municipalités qui bénéficient du programme de revitalisation des soins médicaux lancés par le gouvernement, en 2005, avec l'appui de l'Unicef.

Pendant la guerre (1975-2002), 70 % des centres de santé ont été détruits. « En 2002, 80 % des femmes accouchaient chez elles et une femme sur seize mourait des suites d'une complication, explique Koen Vanormelingen, représentant de l'Unicef en Angola. Après l'Afghanistan, c'était le chiffre le plus élevé au monde ! »

Le sort des enfants n'était guère plus enviable : un quart n'atteignait pas l'âge de 5 ans. Comme en Sierra Leone, alors qu'en Angola, grâce au pétrole, le revenu par habitant est huit fois plus élevé ! Depuis 2002, il y a eu des progrès  : les dépenses sociales ont fortement augmenté, la malnutrition a diminué de moitié, le taux de mortalité des enfants a baissé de 20 % et la moitié des Angolaises accouchent à l'hôpital.

Il manque 200 personnes

Mais, à Matala comme ailleurs, le personnel médical manque cruellement. Maria da Sanungulo reçoit trente-cinq femmes enceintes chaque matin. « Je suis débordée et j'attends avec impatience l'ouverture du nouvel hôpital », confie cette infirmière. Cet hôpital moderne de 125 lits, achevé par les Chinois en décembre, n'a pas encore ouvert, faute de personnel : il faut 250 personnes pour le faire fonctionner et il en manque 200 !

Le gouvernement forme donc, à la hâte, des infirmières et compte sur le soutien de Cuba qui a déjà fourni 650 médecins au pays. Il n'empêche, à Matala, il n'y a qu'un seul docteur (russe) pour 230 000 habitants. « J'espère ouvrir l'hôpital de Matala en juillet, explique le ministre de la Santé, José Van-Dunem. Mais les attentes sont énormes et il faut garantir de bons services. » Au risque de vider les petits centres de santé qui soignent les pauvres....

L'Angola est à la fois l'un des pays les plus riches, les plus inégalitaires et les plus corrompus d'Afrique. Et pourtant, l'Unicef épaule le gouvernement. « En augmentant les services, on va diminuer la corruption, croit Vanormelingen. Il y a une fenêtre d'opportunité pour que les revenus du pétrole bénéficient à l'ensemble de la population. »

Valérie HIRSCH.
Source : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-En-Angola-on-a-du-petrole-mais-pas-de-medecins-_3637-1432120_actu.Htm