Nord-Sud : La richesse change de camp

Publié le par afrique-actu.com

 

Transformation structurelle de l’économie mondiale, basculement de la richesse du Nord vers le Sud, localisation de la croissance mondiale dans les échanges Sud-Sud, poids grandissants des pays émergents dans l’innovation technologique, un rapport de l’OCDE décrit l’émergence d’un « nouvel ordre économique mondial ».


g20-sept-2009.jpgEn septembre 2009 à Pittsburgh,

le G 20 avait accordé une place aux pays émergents

dans la gouvernance mondiale de l’économie.©DR

 

Selon un rapport de l’OCDE rendu public mercredi 17 juin(1), "le poids économique agrégé des pays en développement et des pays émergents est sur le point de dépasser celui de l’ensemble des pays développés". Autrement dit, on assiste à un « basculement de la richesse » des pays riches vers les pays moins riches ou pauvres. Concrètement, alors que les 31 pays membre de l’Organisation de coopération et de développement économique qui compte les plus riches de la planète, représentaient 60% de l’économie mondiale en 2000, leur poids relatif à l’échelle de la planète ne se situe plus qu’à 51% en 2010 et devrait tomber à 43% d’ici à 2030. Pour l’Organisation, il ne s’agit pas là d’un mouvement conjoncturel lié à la crise financière et économique actuelle, bien que cette dernière ait « accéléré » le mouvement, mais d’une « transformation structurelle de l’économie mondiale".

 

Le poids grandissant des pays émergents

 

L’OCDE estime que l’on assiste à un déplacement du "centre de gravité économique » mondial « vers l’Est et le Sud » ; un mouvement qui va « des pays de l’OCDE vers les pays émergents". La Chine est par exemple devenue le premier partenaire commercial des grands pays émergents, tandis que la multinationale indienne Tata est devenue le principal investisseur privé dans les pays de l’Afrique subsaharienne. A ceux qui ont encore la certitude que les pays émergents auraient seulement endossé le rôle d’usine du monde, l’OCDE rappelle la part de plus en plus importante des pays du Sud et de l’Est dans la recherche et l’innovation technologique. Ce n’est certainement pas les tenants de la filière nucléaire française qui se sont fait souffler sous le nez le marché du nucléaire civil d’Abu Dhabi au profit de la Corée du Sud fin 2009 qui le démentiront. L’OCDE souligne en effet que plus de 40% des chercheurs de la planète résident désormais en Asie.

 

Un nouvel ordre économique mondial

 

L’organisation internationale constate tout bonnement l’émergence d’un "nouvel ordre économique mondial" qui semble bien en avance comparé aux velléités affichées par le G20 à Pittsburgh en septembre 2009 d’accepter le principe d’une participation à la gouvernance mondiale de l’économie à ces pays. Ce nouvel ordre s’appuyant sur une densification des échanges Sud-Sud constituera au cours des dix prochaines années « l’un des principaux moteurs de la croissance" mondiale. Selon l’OCDE, ce basculement représente une des principales opportunités de développement pour les pays les plus pauvres. "L’investissement Sud-Sud présente un énorme potentiel inexploité pour les pays à faible revenu" affirme-t-elle en soulignant le rôle prépondérant du groupe BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) auquel sont désormais agglomérés des pays tels l’Afrique du Sud, le Chili, la Malaisie ou La Corée du Sud.

 

Quatre niveaux de développement

 

Cependant, ce mouvement de fond n’est pas exempt d’une grande complexité et « hétérogénéité du Sud ». Les économistes estiment que pour les pays en développement, les années 90 représentent une "décennie perdue", tandis que durant les années 2000 le nombre de pays émergents a été multiplié par plus de 5, passant de 12 à 65 et que celui des pauvres a presque été divisé par deux, passant de 55 à 25. Mais toutefois de nouveaux clivages apparaissent avec le "creusement des inégalités" entre ceux qui "commencent à rattraper le niveau de vie des pays riches" et les autres. Selon les experts on peut désormais identifier quatre groupes de pays, un « monde à quatre vitesse » assurent-ils, constitués de pays «  riches », « convergents », « en difficulté » et « pauvres », ceux qui enregistrent les plus fortes croissances étant aussi les plus innovants. Dès lors, ils relèvent le creusement d’un "fossé technologique grandissant entre les pays en développement capables d’innover et ceux qui ne semblent pas l’être". Mais l’OCDE estime aussi que la pauvreté a reculé dans le monde de 120 millions de personnes dans la décennie 90, de 300 millions durant la suivante.

 

18 juin 2010, Stéphane Davin
1 : Perspectives et développement mondial : le basculement de la richesse

 

Source :
http://www.innovationlejournal.com/spip.php?article5737

Publié dans ECONOMIE

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